Eurêka, c’est le mot qu’aurait prononcé Archimède après avoir bondi hors de son bain suite à sa découverte du principe de la masse volumique.
Ce mot grec signifie « j’ai trouvé ».
Si de rares génies auront l’occasion de le prononcer au cours de leur existence, la réalité, c’est que l’innovation est bien plus ardue pour le commun des mortels.
Peu de suspense, donc, dans cette édition, car on vous donne la réponse dès l’intro : non, avoir une idée géniale n’est pas nécessaire pour innover. La vraie question réside dans le pourquoi du comment.
Dans cette édition, Océan Bleu enfile sa casquette de philosophe pour vous embarquer dans les vastes mers de l’innovation.
L’innovation incrémentale, ou comment innover sans trop se mouiller
Innovation incrémentale : c’est quoi ce nom barbare ?
Pour le comprendre, commençons par nous pencher sur le mot « incrément » qui signifie « ce qui vient s’ajouter ».
De quoi éclairer notre lanterne : une innovation incrémentale consiste à améliorer un produit ou un service sans transformation radicale.
Besoin d’un exemple ?
Tout le monde connaît le Yop, le yaourt à boire.
Si on analyse ce produit : c’est du yaourt, en plus liquide que la version traditionnelle.
Pourtant, c’est une innovation, et pas des moindres, puisque la marque domine largement le marché du yaourt à boire, devant Danone et Nestlé.
Alors, si c’est juste du yaourt, sur quoi repose cette innovation ?
- D’abord, sur une innovation produit et packaging : le Yop offre une nouvelle façon de consommer le yaourt, sans cuillère, pour toucher une cible jeune.
- Ensuite, sur une communication publicitaire qui parle aux ados en adoptant leur langage. D’où la fameuse phrase « t’as craché dans ton Yop », tirée de la pub culte des années 90 filmée en pleine rue, dans laquelle un ado se fait poursuivre par une bande de jeunes qui souhaite lui voler son Yop. Un marketing en rupture complète avec les codes du secteur traditionnel du yaourt : un univers propret au sein d’une famille unie.
- En somme, une adéquation parfaite entre le produit, le branding et la cible.
Bonus pour les curieux (ou les nostalgiques) : voici la fameuse pub pour Yop datant de 1996.
L’innovation par l’erreur : un beau plantage peut mener au succès
Si vous suivez Océan Bleu depuis ses débuts, vous avez peut-être déjà lu notre édition sur le post-it.
On y revient ici brièvement pour démontrer que l’innovation ne naît pas forcément d’un « eurêka » :
- La colle du post-it qui se recolle à l’infini est une découverte accidentelle d’un chercheur qui tentait de développer une colle ultra-forte.
- Plutôt que de rejeter cette erreur, qu’il aurait pu considérer comme un échec, son inventeur espère découvrir une utilité à sa trouvaille un jour ou l’autre (et il a eu bien raison).
- La solution est venue d’un collègue qui cherchait un moyen de faire adhérer ses marque-pages dans son livret de psaumes, sans les faire tomber constamment.
- Ensemble, ils mènent des recherches pendant 5 ans pour perfectionner la formule de la colle et concevoir le post-it.
Ce produit n’est donc pas le fruit d’une idée géniale, mais plutôt d’une erreur initiale, additionnée à une bonne dose de patience et d’expérimentations.
Morale de l’histoire : derrière un ratage peut se cacher une innovation.
L’innovation par observation : ouvrez grand vos mirettes
Un beau matin de l’année 1978, James Dyson en a eu ras-le-bol des mauvaises performances de son aspirateur.
Il constate que son appareil cesse d’aspirer lorsque son sac se remplit de poussière.
On comprend son agacement, qui ne fait pas bon ménage avec l’envie d’avoir une maison propre.
Après des années de recherche personnelle et 5 127 prototypes (non, ce n’est pas une blague), il met au point le Dual Cyclone, un aspirateur cyclonique, sans sac.
Le point de départ de son innovation : une observation simple de sa vie quotidienne et d’un besoin non-comblé.
Pourquoi son produit cartonne ?
D’abord, parce qu’il est excellent !
Mais aussi, parce que James décide de faire simple jusqu’au bout : il pose sur ses publicités tel qu’il est, à côté de son aspirateur.
Cette approche humanise la marque en rappelant aux gens que cette innovation est née des problèmes auxquels son créateur a lui-même été confronté au départ.
L’innovation collaborative : plus on est de fous, plus on crée
L’innovation collaborative, c’est travailler ensemble pour explorer de nouvelles idées et développer des solutions qu’on n’aurait pas pu trouver tout seul dans notre coin.
Certaines entreprises ont bien compris la valeur ajoutée de l’innovation collaborative.
Google est une masterclass en la matière : la marque encourage ses employés à consacrer 20% de leur temps de travail à des projets personnels qui les passionnent.
Le but ? Favoriser l’expérimentation et la créativité au-delà de leurs missions principales.
Si une idée trouvée par un collaborateur semble intéressante, Google donne ensuite à son équipe les moyens de la déployer.
C’est comme ça qu’une chef marketing madrilène a eu l’idée de numériser les œuvres du Prado, et que s’est ensuite développé le Google Art Project, dont l’objectif est de permettre à chacun de découvrir des œuvres d’art sur la toile en haute définition.
En valorisant l’expérimentation et la collaboration dans sa culture d’entreprise, Google permet donc l’émergence de solutions innovantes.
Conclusion
Bien que le parti pris de cette édition était de mettre en avant un exemple spécifique par méthode d’innovation pour en clarifier les principes, on pourrait établir des ponts entre elles :
Par exemple, l’aspirateur Dyson résulte d’abord d’une innovation par observation, mais également d’une innovation par l’erreur ensuite, puisqu’il a fallu mettre au point plus de 5 000 prototypes pour parvenir au produit final.
De même, le post-it, initialement une erreur de laboratoire, est devenu une innovation majeure grâce à la collaboration entre 2 scientifiques.
En bref, l’innovation est un processus complexe qui entremêle différentes méthodes.
Mais dans tous les cas, les idées de génie : que nenni !
Pour clôre cette édition, voici 3 points principaux à en retenir :
1/ L’innovation surgit rarement d’une révélation soudaine, mais plutôt d’améliorations de produits existants, ou d’observations du quotidien. Yop a redéfini la consommation du yaourt par une modification de texture et de packaging. De son côté, Dyson a initialement développé l’aspirateur cyclonique en réponse à son besoin d’un appareil plus simple et efficace.
2/ L’échec fait partie prenante du processus d’innovation, qui nécessite de prendre des risques et de sortir de sa zone de confort. C’est ainsi qu’une erreur initiale peut ouvrir la porte à des découvertes. Valoriser l’erreur comme levier de créativité et d’apprentissage est donc crucial pour toute entreprise innovante.
3/ L’innovation collaborative montre que la combinaison des talents et idées peut conduire à des réalisations exceptionnelles. Une idée personnelle peut ainsi se transformer en projet d’envergure grâce au soutien des autres.